Faut-il renoncer à l’objet ?

Garder le strict minimum. Te serais tu posé la question quand il n'y avait que des livres ?

Les livres, outre le café et les clopes, sont mon vice parfaitement assumé. Je vis en eux et à travers eux, j'y trouve plus que j'y cherche mais c'est seulement sur le net qu'un dialogue a réussi à s'ouvrir, ici sur diaspora, même si la plupart du temps en vain (tant pis...). Du coup, je garde mon ordinateur et ma connexion internet, les objets sans intérêt que j'ai collectionnés par dépit sont devenus un bordel représentatifs d'après l'apocalypse que, sans vénérer, j'aime parfois regarder avec la satisfaction de m'être débarrassé de l'envie de m'en acheter d'autres. Il faut bien avouer que, malgré tout, ce qui occupe l'espace de ma Caverne en très large majorité sont mes livres et que je pourrais me désaisir d'un tas d'autres choses. Mais j'ai la flemme d'organiser ce foutoir, qui a, qui plus est, une valeur poétique manifeste. Sans être devenu minimaliste, mon environnement immédiat est devenu la poubelle de ma résistance enfin actualisée. Je n'achète plus mais je garde, en hommage à ma faiblesse dissoute

C’est ce que je voulais dire, qu’internet à le même rôle que les livres d’antan (en bien plus vaste encore) et qu’il reste une des rares choses bénéfiques de la civilisation…
J’ai laissé tombé les livres-papier et le reste depuis que ma cabane d'alors à brûlé… je vais au minimum, ce qui peut tenir dans une petite voiture, liseuse donc (qui peut contenir dans les 7000 livres)
https://gromeck.wixsite.com/gromeck/restes?lightbox=image_1dla

Ca me paraît une bonne alternative. J'aime mes livres papier mais si le vent tourne il me restera ma tablette et les 10.000 livres que j'ai arrachés au vol en bonne petite fourmi qui sait où est l'essentiel : non pas le papier mais la littérature qui est dedans. Si la réaction me repère, j'aurai le loisir anticipé de lui échapper :)

tu vas aussi du côté de fourtoutici ?

C'est ma stratégie de repli en cas de tempête autoritaire : des mp3, des ebooks, une connexion internet

Moi, ici, de toute façon, j'ai pas trop le choix (ni les moyens).

L'ataraxie épicurienne reste accessible à ceux qui se détournent de l'agression publicitaire mais le sociotope dans lequel je marine est vaillant dans son absence de résistance à la satisfaction de désirs qu'il n'a pas (il cherche dans les boutiques). Un café, de la musique, un livre et le spectacle du Spectacle spectaculaire spectacularisé. Je ne vois rien d'autre à faire que d'être solidaire de mon bon plaisir après ces années à me battre pour mieux, problème que Google a réglé en transformant l'humain en marchandise qui cherche de la marchandise sans savoir vraiment laquelle. Jusqu'à il y a peu, je voulais laisser ma trace, mais la seule stratégie était marketing... Libéré, je trace des sillons dans le cyberspace sans autre dessein que de me sentir vaillant d'avoir trouvé un petit coin dans le Labyrinthe où profiter de mon pouvoir créateur pour impossible-de-savoir-quoi mais avec une joie réelle magnifiée par les souffrances qui m'y ont conduit. Ayant assez lutté, j'espère avoir la sagesse d'offrir à ceux qui le veulent mon surplus émotionnel accumulé. D'une certaine façon, tu as sans doute compris depuis un moment qu'au-dessus de nous n'existe que des désirs de plus alors qu'il y a déjà trop... Café ?

Non merci… je n'ai pas encore fini mon demi-litre de ristretto matinal… Ça me fait la journée, jusqu'au seul repas de début de soirée… Le corps n'a pas besoin de grand chose quand on passe ses journées à lire… Quoique là j'ai prévu d'aller rendre visite aux poissons… J'ai cessé pour ma part de vouloir offrir quoique ce soit mais je continue à laisser mes petites créations (chansons, tableaux, textes…) sur le net, surtout histoire de ne plus les perdre (25 ans de journaux intimes partis dans les flammes)…

Ah qu'il est dramatique de perdre sa production littérataire. D'une autre façon que toi j'ai moi-même perdu des années de textes dans un grand bug étrange au mitan d'une longue bouffée délirante et je n'ai pas le souvenir de comment c'est arrivé... Il aura fallu reprendre au début avec le sourire dans le coeur d'être devenu autre, débarrassé de celui que j'étais, ce qui reste une douleur vive sur le moment malgré tout, comme si on m'avait amputé. Désolé pour tes journaux intimes, cela a dû participer à la fois d'une rage et d'un long dépit monotone

Bah… pas tant que ça… Enfin si mais j'étais dans une telle volonté de désencombrement et d'ascèse cynique (Diogène) que j'ai pris ça comme une épreuve salutaire (certains même étaient persuadés que j'avais moi-même allumé l'incendie)… Et puis j'en avais dactylographié une bonne partie… Enfin, les pages perdues m'ont données les bases de deux petits romans, même si je n'ai plus jamais pu tenir de journal depuis…

J'imagine que ce que l'on est ne disparaît pas même si ce que l'on a été s'est dispersé dans les flammes. Envisages-tu encore d'écrire ? Et si oui, aimerais-tu qu'il en reste quelque chose pour une postérité (même minime) ?

Bah… Apparaitre… Disparaitre… Postérité… Je ne me pose pas vraiment ce genre de question… Mais j'étais flatté que des éditeurs, aussi petits soient-ils, reconnaissent mon travail. Sinon j'ai un autre roman en cours depuis plusieurs années, mais le finirais-je ?…

Mon disque dur est plein de textes en cours d'élaboration, j'ai l'impression de ne jamais parvenir à rien finir... depuis quelques semaines je construis quelque chose qui me convient, très peu dans l'air, pour relater mes errements psychotiques, j'espère arriver au bout... Tu partagerais ce que tu fais ?

Hormis le journal, j'ai mis beaucoup de temps à pouvoir écrire autre chose…
Sinon, depuis l'incendie, je range tout ce que fais sur le net et c'est donc à disposition sur la page https://gromeck.wixsite.com/gromeck/o-dessyme-textes, en pdf, tu as mes deux petits romans publiés, un troisième que j'ai la flemme de continuer à proposer, et la partie de mon journal dactylographié.
Rien à voir, je pense, avec ce que tu écris toi si je me fie à ton style. mais si tu veux partager, je suis très intéressé.

Merci pour le lien, je me suis permis de lire, entièrement, le premier texte "Temps d'attente" dans lequel je me suis agréablement immergé pour aller jusqu'au paroxysme de cette petite fable romantique qui semble dire : la beauté du geste importe plus que le geste vers la beauté, qui finit toujours en déconfiture. La lecture m'a surpris par son semblant de non-événement, ou d'événement qui n'arrive jamais ou peut-être trop tard (ou trop tôt ?). Il semble ne rien s'y passer mais tout est là, contenu dans l'idéalisme insoutenable du plaisir permanent, lequel nous dévie de son acolyte : le bonheur. Mais ce bonheur, il demeure introuvable sinon dans le souvenir d'en avoir vécu un morceau, et en l'occurrence dans le plaisir de l'attente, joliment illustré par l'attente de l'avion. La conclusion en est fatale : le romantisme court vers le néant en néantisant ce dernier. J'ai beaucoup aimé et je vais profiter que tout est là, sur cette page web, pour voir si je peux être surpris par les autres textes également. J'ai eu envie de corriger quelques mots et de replacer pas mal de virgules mais il n'en vaut pas la peine.

! Voilà qui fait grandement plaisir, comme ça, au réveil ! Tu devrais me mettre ça sur Amazon. Même si personne d’autre ne la lit, je pourrais m’y rendre pour me remonter un peu... :)
« Temps d’attente » s’est un peu écrit tout seul. Les reste est peut-être plus laborieux. Quand au journal, je te conseillerais de commencer par la seconde moitié (années 90, Lucie). La première étant, là aussi, plus laborieuse; où je me forçais à vivre pour avoir quelque chose à raconter... Enfin, m’étonnerait que tu parviennes jusque-là.
Bref. Je suis extrêmement flatté de ta critique - qui est un art difficile pour lequel je ń’ai moi aucun don. Cela n’empêche pas que j’attend de te lire.

J'ai moi-même un site web en forme de blog, pour l'instant peu fourni, qui peut prêter un peu à la confusion dans le sens où il m'arrive de me renier (je suis en recherche, un peu philosophique d'ailleurs) et de vouloir refaire marche vers le passé. Ceci étant dit, il est là justement pour être discuté et, ne prétendant avoir le génie du positionnement orthodoxe de moi-même, je t'invite à aller y jeter un oeil. Il me semble qu'il n'y a pour l'instant que les textes que j'ai posté sur diaspora mais il y en aura bientôt d'autres. Affaire à lire ici :

https://poly-tic.fr

Je suis également sur un tapuscrit dont l'élaboration se poursuit sans labeur que je peux te faire parvenir par mail dans sa version loin d'être achevée.

Ok. Merci. Tu as un lien mail sur le site.
Je m'en vais voir les poissons (tu es dans quel coin, au fait ?). A plus

Si tout s'est bien passé, tu as reçu un mail avec copie pdf de mon ouvrage en cours. A part ça, je suis au coeur de la Bretagne après moult pérégrinations ici et là sur le territoire français et je pense que je vais me rendre désormais à l'immobilisme, un peu nihiliste, heureux. Mais comme on dit : tout est possible